Jacques Bonnot, une vie de bagnard

Publié le par Cornut Dominique

(sosa 330 – 9ème génération)

 

Le parcours de Jacques Bonnot


J’ai découvert le destin de Jacques Bonnot par son absence au mariage de sa fille Claudine le 21 juin 1824 à Couches avec Pierre Nouveau.


Il est indiqué dans l’acte de mariage que Claudine Bonnot, âgée de 22 ans, née à Couches le 7 brumaire an 10 (29 octobre 1801), domiciliée à Couches, est la fille de Jacques Bonnot distillateur à Couches, absent pour le motif décrit ci-après, et de feue Anne Salliège.


Parmi les pièces produites figure un certificat délivré le 12 juin courant (1824) à Chalon sur Saône par le greffe de la cours d’Assises du département, « constatant que Jacques Bonnot a été condamné aux arrêts le 6 décembre 1815 aux travaux forcés et à une heure d’exposition au carcan, condamnation qui le constitue dans l’incapacité à donner son consentement au présent mariage ».


Jacques Bonnot est le fils de Claude Bonnot (cabaretier) et de Marie Vivande Pelletier. Il est né le 13 février 1780 à Couches. Il épouse le 28 février 1799 Anne Salliège (décédée le 4.12.1814). Avant les évènements relatés ci-après, Jacques Bonnot était qualifié de vigneron et de distillateur.

 

Les archives de la cours d’Assises de Chalon sur Saône pour les années 1815 – 1816 ont été détruites ce qui ne nous permet pas de disposer du détail des faits reprochés à Jacques Bonnot.Toutefois le registre des écrous (AD71 cote 2Y144) nous indique que la cours d ’Assise de Chalon sur Saône le condamne le 6 décembre 1815 à 15 ans de fer (ou travaux forcés) et à une heure de carcan le 7 février 1816, pour «  vol fait nuitamment avec effraction et par plusieurs personnes dans une auberge » .


Jacques Bonnot part de Chalon sur Saône pour le bagne de Toulon le 15 septembre 1816 avec la chaîne (dans l’intervalle Jacques Bonnot a sans doute été incarcéré à la maison d’arrêt de Chalon).

 

Il arrive au bagne de Toulon le 9 octobre 1816, où il reçoit le matricule n° 13 – 611.

 

Jacques Bonnot s’évadera à trois reprises du bagne de Toulon :

- le 2 décembre 1818 et est repris dans l ’Arsenal le 5 du même mois (sans jugement),

- le 28 juillet 1820 et est repris le 2 août 1820 (sans jugement),

- le 6 juin 1824 et est repris le 8 suivant (jugement du 11 septembre 1824, envoyé à la police du bagne) .

 

En vertu d ’une ordonnance royale du 20 août 1828, qui prévoit de regrouper au bagne de Brest tous les prisonniers condamnés à une peine de plus de 10 ans, Jacques Bonnot est transféré au bagne de Brest. Sa libération prévue au 6 décembre 1830 est reportée au 14 février 1831.

 

Il quitte Toulon le 23 décembre 1829 et arrive au bagne de Brest le 27 janvier 1830 (matricule 18.804 attribué le 18 février : registre du matricule 20/28 SHM de Brest). A noter que ce même jour, 210 prisonniers arrivent à Brest en provenance de Toulon (par bateau ?).On retrouve Jacques Bonnot sur un ordre du 25 septembre 1830 qui établit la liste des futurs libérés du 1er trimestre 1831.

 

Enfin le 17 février 1831, Jacques Bonnot est libéré : le registre du pécule indique qu’il lui est remis 45 f et 31 sous (20/97 SHM de Brest) et la feuille de route (à faire viser à chaque étape désignée) lui est remise la veille . Il mentionne Couches comme lieu de résidence ; il doit s’y rendre en 50 jours. L’attestation de libération lui sera remise par le maire de Couches.

 

Les éléments qui suivent permettent de dresser un portait de Jacques Bonnot à l’entrée des bagnes de Toulon puis Brest.

 

A l’entrée au bagne de Toulon en 1816 soit à 36 ans

 

1m62

cheveux, barbe et sourcils châtains grisaillés

visage rond, nez épaté

bouche moyenne, menton rond

yeux bleus

front découvert

oreilles percées

une tâche au cou côté gauche

marque de petite vérole

une cicatrice au-dessus du poignet droit, estropié de l’index de la main droite

 

A l’entrée au bagne de Brest en 1830 soit à 50 ans (et 14 années de bagne)

 

1m60

  cheveux, barbe et sourcils gris

          visage ovale, nez épaté et pointu,

          bouche grande, menton plat

          yeux bleus

          front découvert et rond

          teint ordinaire

fortement marqué de petite vérole et de rougeurs

une cicatrice au milieu du front, une petit sein sous l ’œil gauche, une cicatrice à la lèvre supérieure côté gauche, index de la main droite arqué.

 

Ce qui laisse à penser que Jacques Bonnot ne devait pas être un tendre.

 

On retrouve la trace de Jacques Bonnot cordonnier à Couches. Il y épouse en seconde noce Pierrette Cailloux le 1er mai 1832. A noter que Pierrette Cailloux est âgée de 28 ans (il en a 58). L’acte de mariage indique que nul ne sait ce qu’il est advenu du père de l’épouse Lazare Cailloux charron à Couches « d’où il est absent depuis plusieurs années » ! un ancien complice ?

 

Il y décède le 12 février 1845 à l’âge de 65 ans, à l’hospice des pauvres de Couches. Les témoins à son décès sont son gendre Pierre nouveau, cordonnier à Couches et Jean Bachelet, cabaretier aussi à Couches. La famille ne semble pas avoir renié Jacques Bonnot.

 

Pierrette Cailloux épouse Bonnot décède le 7 avril 1876 en son domicile de la rue Saint Nicolas (72 ans). Elle est qualifiée de brodeuse.

 

Les enfants de Jacques Bonnot

Du premier mariage avec Anne Salliège, outre Claudine (née en 1801), le couple a eu pour enfants

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Du second mariage avec Pierrette CAILLOUX, un seul enfant Suzanne ne le 11 novembre 1837.

 


 

L’hospice des pauvres de Couches se trouvait à l’emplacement de l’actuelle maison de retraite qui lui a succédé. Les archives départementales ont effectué fin 2004 un inventaire des archives de l’établissement : les recherches restent à conduire dans cette direction.

Publié dans Famille (saga)

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